Londres lance une Sukuk

David Cameron annonce l’émission de la première «sukuk» non issue du monde musulman au Forum de l’économie mondiale islamique qui se tient pour la première fois à Londres.

Londres va lancer sa première obligation publique «charia compatible». Cette «sukuk», d’une valeur de 200 millions de livres, sera la première émise en dehors du monde musulman. Le premier ministre David Cameron en a annoncé le principe, à l’ouverture du 9e Forum économique islamique mondial, surnommé le «Davos musulman», qui se tient pour la première fois à Londres depuis mardi. Il réunit plus de 1500 participants, dont une quinzaine de chefs d’État ou de gouvernement (Brunei, Bahreïn, Malaisie, Jordanie, Arabie saoudite…).

Cette initiative vise à placer la City à la pointe du marché balbutiant mais en plein essor de la finance islamique. Lancée dans le courant de l’année prochaine, la sukuk émise par le Trésor britannique sera vraisemblablement assise sur des revenus provenant de loyers d’actifs publics. Pour être «charia compatibles», les instruments de la finance islamique doivent en effet être élaborés de manière à éviter le versement d’intérêts, proscrits par l’islam.

Londres veut concurrencer Dubaï
Cinq banques spécialisées dans ce domaine ont vu le jour à Londres ces dernières années, épaulées par les départements dédiés créés dans les grands cabinets d’avocats et d’audit. Ses particularités sont enseignées dans plusieurs universités et business schools britanniques, dont, depuis peu, Cambridge. 49 sukuks ont déjà été cotées à la Bourse de Londres. Un indice des valeurs islamiques devrait y voir le jour. Le lancement de l’émission publique du Royaume-Uni devrait soutenir les ambitions du pays, qui cherche à se positionner aux avant-postes, en concurrence avec Dubaï. Le marché des sukuks est largement dominé par la Malaisie.

«Quand la finance islamique progresse 50% plus vite que la banque traditionnelle et quand les investissements islamiques doivent atteindre 1300 milliards [de dollars] en 2014, nous voulons être sûrs qu’une large proportion en soit investie ici, en Grande-Bretagne», a affirmé mardi David Cameron, à l’ouverture du Forum. Londres travaille depuis plusieurs années au lancement de sa sukuk. Le montant sera cinq fois moins important que prévu initialement. Mais le symbole devrait néanmoins doper le marché.

Le gouvernement mise sur les 2,7 millions de musulmans vivant au Royaume-Uni mais aussi sur le différentiel entre le quart de la population mondiale de confession musulmane et seulement 1% des actifs financiers de la planète «charia compatibles». «Alors que d’autres dans le monde occidental résistent au changement, ce gouvernement l’embrasse et accueille les investissements étrangers à bras ouverts», commente le ministre des Finances britanniques George Osborne dans le Financial Times.

%d blogueurs aiment cette page :